Mon expérience à Omega en 2019

Si vous avez vu mon article sur le stage de circlesongs à Omega avec Bobby McFerrin (que d’ailleurs je n’ai pas encore pris le temps de mettre à jour, ça viendra), vous savez que cet été j’y retournais pour la quatrième fois, et pour la première fois en tant qu’intervenant ! J’étais très, très, très, très excité ! Et ça s’est merveilleusement bien passé… je prends une petite pause dans cet ouragan automnal pour vous en dire quelques mots.

Une semaine, cent-cinquante participant·e·s et une vingtaine d’intervenant·e·s… Tantôt tou·te·s ensemble dans la grande salle, tantôt en petit groupe pendant une heure et demie avec un·e seul·e intervenant·e, parmi un large choix d’ateliers à la carte sur toutes sortes de thématiques. Premiers ateliers à 8h le matin, fin du dernier cercle à 22h… je n’avais clairement jamais vu des journées aussi denses, un si large choix d’intervenant·e·s et de thématiques.

Tout y a été au moins aussi beau que d’habitude pour moi.
Le lieu… vibrant, éclatant et ressourçant. Il y a eu des orages intenses (dont un que j’ai passé seul de nuit sous une bâche), une belle galerie d’animaux qui n’avaient pas du tout peur de nous (cette année c’était l’année des biches, en plus des marmottes, des écureuils et des putois), et la nourriture là-bas me correspond décidément tellement bien.
Les gens… tellement beaux ! De belles nouvelles rencontres et surtout un paquet de retrouvailles ! Comme il y a beaucoup de participant·e·s qui reviennent, chaque année je connais de plus en plus de monde, et mes liens avec certain·e·s s’affinent et s’approfondissent ; tout ça élève assez considérablement la quantité et la qualité des retrouvailles du premier jour. Et outre les connexions individuelles, je me suis à nouveau répété combien j’aime cette communauté, à quel point je m’y sens à l’aise et positivement stimulé.
Et la musique… sublime. C’est vertigineux, la quantité de talent rassemblée à cet endroit ! Côté transcendance, Joey Blake m’a une fois de plus fait déborder d’admiration (si vous n’êtes pas déjà au courant, ce gars-là est sur le podium de mes improvisateurs préférés au monde), mais cette année c’est Bobby qui m’a le plus fasciné. A plusieurs reprises, il a conduit des circlesongs qui m’ont emmené sur des planètes tellement lointaines, avec une telle grâce !

J’ai trouvé Bobby très en forme cette année, et presque toutes ses interventions m’ont captivé, inspiré et rempli de joie. Après quelques jours passés comme d’habitude à lui sourire de loin et éviter de lui parler directement tant il m’impressionnait, j’ai pris mon courage à deux mains pour entrer davantage en contact avec lui ! Ça ne se raconte pas bien à l’écrit, mais ça n’a pas été sans mal, car j’ai vraiment eu la timidité et la maladresse d’un adolescent devant la plus belle fille de l’école… Heureusement j’avais un adulte en face de moi, aligné et bienveillant. Petits échanges par petits échanges, une bonne partie de la glace a fondu jusqu’à pouvoir plaisanter avec lui et lui parler presque normalement à la fin du stage.

Ces premiers échanges gênants avec Bobby n’ont pas été les seuls moments stressants pour moi cette année. C’était ma première fois en tant qu’intervenant et j’avais particulièrement envie de donner le meilleur de moi-même. J’ai choisi de manquer de nombreux ateliers pour avoir du temps seul, à me préparer mentalement et émotionnellement.
Outre plusieurs moments d’improvisation avec les autres intervenant·e·s, j’ai eu principalement à diriger quatre sessions. D’abord trois fois un atelier intitulé “speed circle” d’une heure et demie où j’ai eu chaque fois entre 15 et 35 participant·e·s. On y a fait plusieurs jeux de vitesse pour trouver très rapidement des boucles, des harmonies ou faire des solos ; comme d’habitude avec ce type de travail c’était très joyeux, stimulant, intense et excitant ! J’étais notamment inquiet pour ma communication en Anglais, mais à l’instant où j’ai démarré chaque atelier, tout est devenu parfaitement fluide. J’étais ravi du résultat, et j’ai reçu énormément de retours très positifs, y compris de personnes que j’admire comme Judi Vinar, Christiane Karam, ou même Bobby (oui il est venu à une partie d’un de mes ateliers) !

Au fil des ateliers bien passés, je me suis senti de plus en plus heureux et serein, si ce n’est que la partie la plus stressante pour moi n’arrivait que le cinquième jour. Pendant environ une heure avec tout le grand groupe et tous les intervenants réunis, nous avons eu carte blanche, moi et Mark Johnson, un autre intervenant que je n’avais rencontré que quelques jours avant. Nous avions des profils complètement différents, nous ne nous connaissions presque pas et et il ne semblait pas du tout évident de faire quelque chose de cohérent ensemble. Dans le doute, nous avons choisi de ne pas prévoir grand chose et d’improviser sur le moment…
Nous avons commencé par un petit duo pour connecter, puis nous avons conduit ensemble des circlesongs entre lesquelles nous attirions l’attention sur des notions importantes pour nous, en particulier la recherche de plaisir et la recherche de cohésion. Malgré pas mal de petites voix dans ma tête (“mes solos sont vraiment très moyens aujourd’hui”, “je pourrais faire trois fois mieux que ça au niveau arrangement”, “est-ce que je devrais laisser plus de place à Mark ?”, etc), ça s’est bien déroulé et surtout ça a fini en beauté ; la dernière circlesong était un·e de ces circlesongs que j’aime tant faire, lent·e·s, avec un long cycle de plusieurs accords richement harmonisés, des nuances très marquées… et quand la dernière note s’est éteinte, j’ai invité le groupe à rester en silence, et nous avons longuement pu goûter un de ces merveilleux silences touchés où on laisse résonner l’écho de la musique.
 

J’ai passé la demi-heure suivante à accueillir les gens qui se succédaient pour venir me remercier pour ce moment. J’aurais du mal à décrire à quel point cela m’a fait du bien, de recevoir autant de gratitude et de reconnaissance, simplement pour partager la musique qui me vient à l’esprit ! Que tout cela se soit aussi bien passé ne fait que renforcer encore plus mon impression d’avoir reçu un incroyable cadeau de la vie. Cette semaine d’août 2019 restera sans doute l’un de mes plus beaux souvenirs, et je ne remercierai jamais assez les personnes qui m’ont amené là ; il y en a plein, les deux les plus évidentes étant Bobby McFerrin pour avoir mis l’improvisation au coeur de ma vie, et Linda Goldstein pour m’avoir offert ce rôle particulier cette année.

Je ne vous ai évidemment pas dit un quart de tout ce qui vaudrait le coup d’être raconté, et je regrette de ne pas avoir nommé tant d’autres personnes que je porte profondément dans mon coeur, mais j’espère vous avoir partagé au moins un peu de la joie que j’ai vécue !

J’espère aussi voir encore plus de francophones (sachant qu’on n’a déjà jamais été aussi nombreux qu’en 2019) là-bas l’été prochain ! En attendant, je vous invite à rester connecté·e avec moi sur Facebook (ou sur Twitter – et oui je sais il faut que je me mette à Instagram) si vous voulez suivre les détails de mon automne ; je n’arrive malheureusement pas à tout publier ici en ce moment. Je serai notamment à Paris du 8 au 13 novembre pour une série de stages et ateliers ; il reste de la place le 11 novembre pour un après-midi de circlesongs co-animé avec l’excellente Mélanie Rallo que j’ai eu le plaisir de rencontrer cet été à Omega !


Photos de David Dzubinski